Accepter sa tristesse
À force de parcourir la toile, je suis tombée sur de nombreux articles de développement personnel, donnant des astuces pour se débarrasser de la tristesse et voir la vie en rose. Sur le principe, je trouve cela génial, j'ai même essayé de pratiquer certains de ces conseils avec plus ou moins de succès.
Bon, d’accord, sans succès du tout, mais l’intention était bel et bien là.. Après tout, qui a envie de souffrir ?
Eh bien, figurez-vous que j’ai bien plus souffert en refusant de reconnaître mes émotions.
Nous vivons dans une société qui tend à nous faire refouler les émotions négatives telles que la colère ou la tristesse. C'est simple, généralement, on n'a pas le droit de montrer que l'on va mal. Très tôt, on nous fait comprendre qu'être triste et pleurer, c'est mal (particulièrement quand on est un garçon). Ne pas pleurer, c'est être fort. Combien de fois s’est-on foutu de moi parce que j’étais très émotive ? Combien de fois m’a-t-on balancé des paquets de mouchoirs en classe ? Beaucoup trop.
Personnellement, je ne pense pas que nier ce que l'on ressent c'est être fort. J'estime que ce qui est une force, c'est être capable d'identifier ses émotions et de les accepter, et ce, qu'elles soient positives ou négatives.
Quand refouler sa tristesse détruit
Vous le savez, j'aime partager mon expérience avec vous, c'est pourquoi je vais vous raconter une petite histoire par rapport à la tristesse. Promis, c'est assez court, mais j'estime que mon exemple peut vous aider à comprendre pourquoi la tristesse est importante.
Il y a quelques années, j'ai vécu une séparation qui m'a fendu le cœur. Je ne voulais pas accepter cette tristesse parce que je ne cessais de me répéter que ce n'était pas normal de ressentir cela, que cette personne n'aurait jamais dû compter autant pour moi, et que cette séparation n'aurait pas dû m'affecter à ce point. Mon entourage voulait que j’aille bien et ne comprenait pas pour quelle raison j’étais prête à fondre en larmes à chaque instant alors je me devais de faire comme si de rien n'était.
Au fil du temps, plus je niais ce que je ressentais, plus j'allais mal. J'étais en colère. En colère contre la personne mais aussi et surtout en colère contre moi-même. Pourquoi ? Parce que je m’en voulais de lui en vouloir alors que cette personne n’avait absolument rien fait de mal, et parce que je pensais que je n'étais pas légitime de ressentir une aussi grande tristesse. Je me sentais tout simplement stupide. À cette séparation sont venus s'ajouter de nouveaux éléments qui m'ont fait littéralement péter un câble et entrer en dépression.
Et je ne parlais jamais de ce que je ressentais parce que je ne voulais pas m'entendre dire que je n'avais aucune raison d'être triste et que j'avais tout pour être heureuse. En apparence, très certainement, mais je n’étais pas heureuse au fond de moi.
Cela a duré pendant plusieurs années, à chaque fois que je voulais lâcher prise et me laisser aller, je m'en voulais. Jusqu'au moment où un ami m'a dit que c'était bien de pleurer et qu'il n'y avait aucune honte à avoir. J'ai d'abord résisté, mais les paroles ont fait leur chemin dans ma tête et un jour, j'ai craqué.
C'est à partir du moment où je me suis autorisée à être triste que j'ai commencé à aller mieux. Dit comme ça, ça semble idiot, mais c'est un fait.
J'ai toujours eu le droit d'être triste, tout le monde a le droit de l'être. Je m'étais simplement mise des barrières pour correspondre à ce que la société voulait, à ce que les autres voulaient.
Je ne le dirais jamais assez, prêter attention au regard des autres nous démolit.
Comprendre que l'on a le droit d'être triste
Personne, absolument personne ne va bien 24 heures sur 24. Vous ne pouvez pas avoir des pensées positives toutes la journée lorsque vous vous retrouvez entourés de choses et de situations qui vous accablent. Encore une fois, c'est normal.
On a bien souvent l'impression que personne ne peut comprendre la douleur que l'on ressent. Et c'est vrai, personne ne peut la comprendre puisque personne d'autre n'est nous. Les gens qui nous disent de relativiser et de passer à autre chose sont particulièrement agaçants. Il existe des situations où il n'y a pas d'aspect positif ou des moments où on ne veut et ne peut pas les voir. On a tous besoin d'un laps de temps différent pour accepter une situation.
On va être honnête, même si on sait qu'il y a toujours pire que nous quelque part, que notre situation est loin d'être atroce comparée à celle de certaines personnes, on a parfois l'impression que rien ne peut être pire que ce qu'on vit. Chacun a sa propre perception de la vie, ses propres problèmes et il ne faut pas chercher à les minimiser.
Mêmes les personnes pour qui tout semble aller pour le mieux ne sont pas constamment heureuses. Tout le monde va mal à un moment donné. Ce qui différencie ceux qui arrivent à s'en sortir, c'est qu'ils arrivent à passer outre ces émotions négatives car ils les ont acceptées. L’acceptation est la clef de tout.
Extérioriser sa tristesse
Personne n'a le droit de juger votre tristesse car les gens ne savent pas comment ils réagiraient s'ils étaient à votre place, même s'ils prétendent le contraire.
C'est très important de s'autoriser à être triste car, à force d'occulter la douleur que l'on ressent, de faire comme si tout allait bien, on finit par exploser de l'intérieur.
Vous n'êtes pas obligés d'extérioriser votre tristesse en public si vous n'avez pas envie d'attirer les regards et de vous prendre des remarques désobligeantes. Seul, chez soi, dans un endroit où on se sent bien, c'est super et probablement la meilleure chose à faire.
Vous pouvez extérioriser votre tristesse de bien des façons. Vous pouvez parler, pratiquer une activité artistique, écrire, écouter de la musique, pleurer… À vous de trouver la solution qui vous convient le mieux.
Personnellement, j'aime bien écrire en écoutant des chansons qui correspondent à mon humeur, ça m'aide à m'épancher. Essayez pour voir si ça peut vous aider.
Tout ne peut pas toujours aller bien. C'est comme ça. Vous pouvez vous protéger des mauvaises nouvelles extérieures pour ne pas qu'elles vous affectent et, ainsi, vous enlever une source d'anxiété, mais vous ne pouvez pas occulter indéfiniment ce que vous ressentez sans que cela finisse par vous exploser au visage.
Oui, il faut être positif. Oui, il faut le plus possible voir la vie du bon côté. Mais il faut également faire face à ses problèmes, à ses pensées négatives, les accepter et enfin passer à autre chose. Il n'y a que de cette façon que l'on peut avancer.
Alors, n'ayez pas peur. Soyez tristes, soyez en colère, soyez joyeux, soyez heureux… En bref, vivez.
Et ne l’oubliez pas : comment pourrions-nous nous apercevoir du bonheur si nous ne connaissions pas la tristesse ?