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Cet article aurait également pu s'intituler "Comment monnayer sa vie pas du tout palpitante ?"


Ah Youtube ! Vaste site regroupant des vidéos en tout genre sur lequel je pouvais passer des heures à une époque. Sauf que j’ai évolué, la plateforme a évolué et le contenu que l’on peut y trouver également.

Et le contenu qui y est proposé depuis plusieurs années ne me correspond plus vraiment. En tout cas, le contenu mis en tendance ne me correspond plus.

Je ne suis pas du genre à mâcher mes mots. Quand j’ai quelque chose à dire, je le dis. Je ne vais pas me faire que des amis avec cet article, j’en ai bien conscience mais j’ai envie d’aborder ce sujet qui pour moi représente bien l’évolution de la société.


J’ai commencé à vraiment m’intéresser à Youtube en 2011, j’avais dix-huit ans à l'époque, j’étais en terminale et je m’identifiais un peu à ces personnes qui étaient encore accessibles C’était le début des youtubeuses beauté avec EnjoyPhoenix en tête. La beauté, un domaine qui m’intéressait peu et pourtant, j’aimais retrouver ces filles chaque semaine, c’était un peu mon rendez-vous hebdomadaire qui me faisait du bien. De mon point de vue et de celui de nombreuses personnes, c’était bon enfant et le milieu n’était pas encore corrompu par l’argent et les placements de produits qui selon moi nuisent grandement à la qualité des vidéos actuelles, mais ce n’est pas le sujet.

À partir du moment où l’argent est entré en jeu, de nouveaux types de vidéos sont apparus, parmi eux : les vlog. Autrement dit, un blog vidéo où le concept consiste juste à filmer son quotidien qui pourrait être le quotidien de n’importe qui.

Nombreuses sont les personnes qui se sont mises à faire ça. Il faut dire que c’est bien plus simple que de chercher une idée de contenu, de faire preuve de créativité, de faire des recherches sur un sujet, de sortir un épisode de podcast, d’écrire un article de blog et de le publier. Cependant, je leur accorde le montage qu’il y a à faire de toutes les séquences enregistrées puisque ça, c’est effectivement un sacré boulot, raison pour laquelle monteur vidéo est un véritable métier. D'ailleurs, nombre de Youtubeurs font appel aux services de personnes tierces, désormais.


Au début, ces vlogs étaient assez gentillets, on pouvait voir des bandes de potes s’amuser ensemble ou des gens documenter leurs voyages – même si bien souvent, ces personnes préféraient filmer leur tête plutôt que de nous montrer les paysages – mais il arrivait aussi que l’on voit des moments de vie intimes qui n’auraient jamais dû se retrouver sur le net. Mais ces personnes étant majeures, dans le fond, ce qu’elles postent ou pas les regardent bien.

Le problème est que des personnes n’ayant pas forcément les meilleures intentions du monde se sont emparées de ce type de vidéos et ont créé les chaînes familles où il n’est pas rare de voir des enfants et des bébés filmés sous toutes les coutures sans que cela pose quelconque problème aux parents.

Le fait est que, faire des vlogs, particulièrement quand on a des enfants, est un bon filon, c’est le moyen de s’attirer les vues de tout le monde et n’importe qui. Surtout n’importe qui. Même de personnes malintentionnées.

Ce qui nous mène a un sujet encore plus controversé, j’ai nommé l’image des enfants sur internet.


Comment un bébé peut-il donner son consentement ? Comment un enfant de sept ans peut-il avoir conscience que des milliards de personnes peuvent voir sa tête ? Il n’a aucune notion de ce que cela représente.

De la même façon que je n'ai jamais compris les parents qui postaient des photos de leurs enfants sur Facebook pour les partager avec leur famille et donc avec le monde entier, je ne comprends pas comment on peut être aussi peu informé des dangers d'internet pour filmer le moindre aspect de la vie de ses enfants et les jeter en pâture sur le web.

Peut-être vois-je le mal partout mais j'ai suffisamment expérimenté que savoir que les gens ne sont pas tous des saints.

Qui plus est, si j'avais été l'un de ces enfants, je l'aurais très mal pris que de parfaits inconnus ait accès à mon intimité, à mes crises de colère ou de larmes, aux moments privilégiés que j'avais avec mes parents ou mes amis, à ma chambre.

La vie privée est primordiale dans la construction d'un individu.


À l’époque, quand je discutais de ce sujet avec des gens qui ne regardaient rien de ce qu'il se passait sur Youtube, on me répondait « si j’avais un talent, je l’exploiterais ». Oui, très certainement. Mais le fait est que le talent, dès qu’il est question de vlog, n’existe pas, puisque ce contenu sert à assouvir la curiosité toujours plus malsaine des personnes visionnant ces vidéos.

Honnêtement, qui en a quelque chose à faire de ce que telle personne prend au petit-déjeuner ? Qui en a quelque chose a faire de si elle s’est habillée pour sortir ou si elle a passé la journée en pyjama ?

En regardant les vidéos, les gens se permettent de commenter et de juger les vlogueurs sur tous les aspects de leur vie, tout ce qu’ils montrent et même ce qu’ils ne montrent pas puisque des déductions sont faites. Des déductions peuvent amener à des situations terribles.

Alors, après, on peut prendre ça comme un divertissement, un épisode de téléréalité, parce que c’est exactement la même chose. On suit la vie quotidienne de gens que l’on ne connaît pas, qui n’ont aucune conscience de notre existence et qui se fichent royalement de nous, le tout scripté la plupart du temps. Dis comme ça, ça ne fait pas tellement rêver.

Le problème c’est que les youtubeurs, particulièrement les vlogueurs, partent de l’intention de créer une relation unique avec leurs abonnés, sauf que, plus leur nombre augmente, plus il devient compliqué d’entretenir une bonne relation avec chacun et de répondre à tous. Si bien qu’au final, les abonnés sont une audience comme une autre.


Après, peut-être suis-je mal placée pour évoquer ce sujet, je tiens un blog après tout. Mais un blog, ce sont des mots, des images aussi parfois, pas des images de ma vie quotidienne, il n’y a pas vraiment de voyeurisme et je vous donne ce que je veux bien vous donner. Chez moi, pas moyen de tricher par écrit, je ne sais pas faire ça.

Et ma vie n’est pas un scénario de film, je vous partage juste mes réflexions et il y a beaucoup de choses à mon sujet que vous ne connaissez pas encore et peut-être bien que je ne vous les dévoilerai jamais.

Parce que j’ai mon libre-arbitre et que j’ai établi la limite que je souhaitais mettre entre les lecteurs et moi.

Il semblerait que cette limite n’ait pas été définie par tous les vlogueurs ou qu’ils soient bien plus permissifs que moi.