C'est la rentrée

peurs-rentrée-jexperimente.jpg


J'ai beau avoir quitté l'école il y a maintenant un petit moment, la rentrée de septembre à toujours une consonnance particulière pour moi et il semblerait que ce soit le cas pour beaucoup de monde.

Il faut dire que l'on a tellement été habitué à aller en cours pendant un très long moment qu'il est difficile de se défaire des sensations que la rentrée procure, ce mélange d'excitation et d'angoisse. Et naturellement, une fois que l'on a des enfants, on peut encore moins échapper à la rentrée des classes.

Je sais qu'une fois qu'ils ont quitté les bancs de l'école, la plupart des gens apprécient la rentrée car elle représente un nouveau départ. Je ne fais pas partie de cette catégorie. En réalité, je n'ai jamais apprécié ce moment que j'ai toujours trouvé particulièrement stressant. La rentrée a toujours été source de nombreuses angoisses pour moi et ces angoisses ne diminuent pas avec l'âge, bien au contraire.

Certes, je n'angoisse plus pour les mêmes choses - fort heureusement - mais les peurs sont toujours là. La peur de ne pas réussir, la peur de retomber dans une routine, la peur de m'ennuyer.

Ces trois peurs me suivent depuis mon enfance mais s'apaisent un peu au fur et à mesure où je vieillis car j'arrive à trouver des stratagèmes pour me sortir de cela.


La peur de ne pas réussir

À l'époque où j'allais à l'école, j'étais terrifiée à l'idée de ne pas avoir de bonnes notes. Vraiment terrifiée. Je devais être la meilleure et ce, dans toutes les matières. Sauf qu'une fois que je suis passée au collège, la meilleure, je ne l'ai plus été dans tous les domaines et je ne l'ai plus été tout court. L'image que j'avais de moi en primaire en a pris un sacré coup et ma confiance en moi s'est vue encore plus ébranlée que ce qu'elle était déjà.

Alors, je me suis trouvée un domaine dans lequel j'étais sûre de moi à 100%, un domaine dans lequel on ne pourrait me faire aucune remarque quant à mon travail, un domaine où je serai la meilleure, pas seulement de la classe mais du collège tout entier. Cela s'est poursuivi au lycée. Je n'étais pas fière de moi pour autant et personne ne me disait que ce que je faisais était impressionnant. Non, les gens préféraient se concentrer sur les domaines où j'avais des mauvaises notes pour me dire comme il le fallait que j'étais particulièrement nulle.

Cette peur de ne pas réussir ne m'a pas quittée quand je suis partie à la fac et que j'ai fait des études dans lesquelles j'étais douée, j'ai tout réussi du premier coup mais je n'étais toujours pas fière de moi parce qu'il n'y a rien de bien gratifiant à exceller dans un domaine pour lequel on est doué mais que l'on n'aime pas. C'était en tout cas mon point de vue à l'époque.

Aujourd'hui, j'ai peur de ne pas réussir dans mon travail, j'ai peur de ne pas réussir avec ce blog, j'ai peur de ne pas réussir dans d'autres projets plus personnels dans lesquels je me suis lancée mais, pour certains aspects, j'arrive à passer au-delà de cette peur.

J'apprends à me détacher de la conception qu'à la société de la réussite et je fais pour moi. Cela se vérifie au niveau de J'expérimente ; j'écris pour moi, je publie les articles que j'aime et donc, je me fiche bien de savoir si cela va plaire aux gens puisqu'à moi, ça me fait plaisir.

Je pense l'avoir déjà évoqué dans un article précédent mais prendre du plaisir quand on fait quelque chose est primordial parce que, quand on aime ce que l'on fait, on ne cherche pas à être plus performant que les autres, on agit pour soi-même.


La peur de retomber dans une routine

Encore une fois, je pense l'avoir déjà dit ici mais avoir une routine est quelque chose que je ne supporte pas. Vraiment pas. Cela me donne l'impression d'être enfermée et donc, complètement bloquée, sans avoir la possibilité de changer la moindre petite chose.

C'est pour cette raison que je n'aime pas avoir une organisation millimétrée et que les emploi du temps ce n'est pas vraiment mon truc. Autant vous dire que je n'aime ni les calendriers, ni les agendas parce que oui, ça bloque.

Donc, lorsque j'étais à l'école, j'achetais un agenda à chaque début d'année et je ne l'utilisais jamais. À la place, je m'en servais comme carnet pour écrire tout ce qui me passait par la tête. C'était une utilisation comme une autre, je préférais noter mes devoirs dans mes cahiers de cours, ça m'obligeait à les ouvrir.

Au lycée, j'ai eu la chance d'avoir un emploi du temps changeant tout au long de l'année. On avait un planning de base mais aucune semaine n'était semblable à une autre, il y avait tout le temps des changements. Ça ne plaisait pas à beaucoup de monde mais moi, j'adorais ça.

Mais quand je suis passée en études supérieures, les emplois du temps millimétrés sont revenus et donc, cela ne laissait pas beaucoup de place au changement et ça m'angoissait ça nouveau.

Pour remédier à cette peur de la routine j'ai donc mis en place quelque chose de très simple : je n'ai pas de routine. Je prends plaisir à faire mes activités de la vie quotidienne au gré de mes envies, dans l'ordre que je veux, en fonction de comment je me sens et ça me fait du bien.

Bon, le revers de la médaille c'est quand je dois m'adapter à la routine des autres, c'est particulièrement compliqué mais je fais avec parce que je n'ai pas vraiment le choix.

C'est pour ça que quand je vois des gens faire des vidéos ou des articles pour détailler leur routine de la rentrée, ça me fait sourire. Moi, il est hors de question que je fasse un truc pareil !


La peur de m'ennuyer

Je me suis beaucoup ennuyée à l'école. Énormément, même. Certes, je ne mettais pas le bazar et je ne bavardais pas à longueur de journée mais si on prenait le temps de me regarder dans les yeux, on pouvait voir que j'étais complètement ailleurs. J'aimais juste quand on faisait des exercices parce que ça faisait appel à de la réflexion.

Malheureusement, plus les années sont passées moins j'ai eu d'exercices à faire et plus j'ai eu de leçons à copier et donc, à m'ennuyer.

Tous les spécialistes vous diront que l'ennui est excellent pour développer l'imagination et je suis d'accord avec eux. C'est en m'ennuyant que me sont venues des idées totalement farfelues, mes meilleures histoires lorsque j'étais petite et sûrement les meilleurs textes que j'écris depuis presque vingt ans, maintenant.

Néanmoins, je crains l'ennui. Pourquoi ? Parce que l'ennui m'amène souvent à imaginer des scénarios auxquels j'aurais préféré ne jamais penser. Dans ces scénarios, soit je pense au passé en me disant que j'aurais dû faire ceci ou cela dans telle ou telle situation, j'aurais dû dire telle chose ; soit je pense au futur et dans ces moments-là, mes plus grandes peurs remontent à la surface. Je ne fais que penser à ce qu'il pourrait peut-être se produire et tout se termine toujours en catastrophe pour moi, si bien que je n'arrive plus à faire quoi que ce soit.

Quand je m'ennui, je ne suis plus dans le moment présent, je ne suis plus ancrée dans la réalité.

Pour que ces angoisses ne rendent pas mon quotidien totalement invivable, j'ai mis en place une solution toute bête : je ne me laisse pas le temps de m'ennuyer, mon cerveau est occupé en permanence. Je travaille, j'écris, je résous des casse-têtes, je lis, j'apprends une langue, je fais des maths (oui, vraiment, j'adore ça)... Tout ce que je fais doit être intellectuel, c'est qui permet de m'occuper au mieux.

Contrairement à beaucoup de monde, le seul moment de ma journée où je ne crains pas mon cerveau, c'est lorsque je me mets au lit. Depuis que je suis toute petite, je m'imagine plus ou moins le même film dont je suis personnage central. J'ai plusieurs scénarios différents mais l'élément central reste toujours le même. De cette façon, je parviens à m'endormir sans problème et je ne ressasse jamais ce qu'il s'est passé durant la journée ou mes peurs du lendemain.

Quand je fais tout ça, mon cerveau ne s'ennuie pas, je ne m'ennuie pas et j'ai moins peur d'affronter le quotidien.


Voilà donc pour ces trois peurs. Naturellement, j'en ai connu d'autres au cours de ma scolarité mais celles-ci persistent même si, avec le temps, j'ai appris à moins les craindre.

Nos peurs révèlent des pans de notre personnalités et, plutôt que de les fuir, peut-être faut-il simplement apprendre à vivre avec et les apprivoiser. Bien sûr, elles seront toujours là mais elles existent pour une raison.

Et si elles étaient simplement une des clefs pour apprendre à mieux nous connaître ?