Écouter son corps
Suis-je la seule qui n'apprécie pas le mois de novembre ? Est-ce dû à l'endroit où je vis ? Le ciel est gris, il pleut, il fait commence à faire froid et quand j'ouvre les yeux le matin, ma seule envie est de me rendormir pour ne pas bouger du lit.
Conséquence de toute cette atmosphère, je suis tombée malade cette semaine. Rien de grave, un simple rhume mais celui-ci m'a totalement mise à K.O pendant quelques jours. Il y a un matin, je me suis lever d'une nuit durant laquelle je n'avais pas fermé les yeux et j'ai compris que je n'étais pas en état de faire quoi que ce soit de la matinée. Il fallait que je me repose pour être dans un meilleur état, pour pouvoir travailler efficacement l'après-midi.
J'ai bien fait de m'écouter. Clairement, je n'aurais pas été en mesure de travailler du tout si je n'avais pris de temps pour moi le matin.
Écouter son corps n'est pas quelque chose que l'on apprend dans notre société, bien au contraire. On nous dit toujours d'ignorer nos besoins parce que la productivité passe avant. On nous dit que si on se sent mal, c'est dans la tête ; il n'y a qu'à entendre les profs de sport le répéter dès qu'un apprenant dit souffrir.
Mais peut-être que la personne souffre réellement. On ne peut jamais présumer de la douleur que ressentent les autres, tout simplement parce qu'on n'est pas dans leur corps. Contrairement à ce que beaucoup aiment penser, les gens ne font pas exprès d'avoir mal et de tomber malade.
Quand j'étais petite, il était très rare que je loupe l'école lorsque j'étais malade. Mes parents ne m'y autorisaient pas. Même avoir un peu de fièvre ne les faisait pas changer d'avis. Il fallait vraiment que je sois très, très mal pour avoir le droit de rester à la maison une seule journée.
Je suis même allée au collège avec le pouce cassé et un énorme bandage autour de la main. C'était sympa pour écrire.
On m'a donc enseigné à ne pas écouter ce que mon corps me disait, à ne pas m'écouter lorsque j'étais fatiguée, à ne pas m'arrêter de courir même lorsque j'avais mal et qu'il m'était difficile de respirer. On m'a enseigné à être dure avec moi-même.
J'ai souvent pensé que se montrer dur envers soi-même était une vertu. Je n'aurais pas pu avoir plus tort.
Quand je suis partie de chez mes parents, j'ai continué à avoir ce même état d'esprit et à me montrer forte même lorsque mon corps m'envoyait des signaux pour me dire d'arrêter parce que j'étais en train de sombrer.
Je ne l'ai pas écouté, pas plus que j'ai écouté mon cerveau. Il fallait que je travaille, que je sois à la hauteur des autres, je n'avais pas le droit de me plaindre, des gens connaissaient bien pire que moi.
C'est comme ça que je me suis retrouvée avec un zona sur l'entièreté du dos, que j'ai vécu avec des migraines pendant des mois, que j'ai eu de l'eczéma sur les bras durant des années, et qu'un matin, quand mon réveil a sonné, j'ai été incapable de me lever de mon lit. C'était le signe le plus parlant de ma dépression.
Tout cela pour dire : votre corps vous parle, écoutez-le ! Vous vous rendrez le plus grand des services.
Oui, la société veut que l'on soit toujours plus productifs, que l'on soit présent pour les autres mais, comme je le dis souvent :
Comment peut-on être disponible pour les autres si on n'est pas disponible pour soi-même d'abord ?
Ce que vous dit votre corps n'est jamais dû au hasard. Vous devez prendre les différentes maladies que vous pouvez avoir au cours de votre vie comme des alliés pour vous aider à aller dans une meilleure direction, une direction qui vous correspond.
Alors, naturellement, vous n'allez pas rester avec des maladies toute votre vie si celles-ci peuvent être soignées mais vous pouvez dire à votre corps "Merci de m'avoir averti, merci de me guider, je vais me battre avec toi pour aller mieux maintenant".
Battez-vous avec votre corps, pas contre lui car vous êtes indissociables l'un de l'autre. On ne se bat jamais contre la personne qui peut nous maintenir en vie.