En silence

Texte :

Écrit le 31 janvier 2025 (31 ans)

"Hier encore j'avais vingt ans. D'accord, pas exactement. C'était il y a bien plus longtemps mais certainement pas autant que l'on le sous-entend.

Je me suis répétée en vain que ton appel ou ton texto arriverait demain, seulement maintenant, en plus d'un numéro j'ai une photo.

Le temps est passé.

Et je ne comprends pas comment j'ai pu ne pas te manquer pendant toutes ces années, et comment tu as pu ne pas une seule fois essayer de me contacter. Était-ce de l'amitié ou m'avais-tu prise en pitié ? Étais-je empêtrée dans des filets de rêves préfabriqués ?

C'est en silence que le passé est tué.

Par trois fois, j'ai déménagé et bien plus encore j'ai bifurqué. Des gens, oui, j'en ai rencontré et pourtant, rien n'est parvenu à t'effacer. Plus personne ne m'a invité à me confier comme tu m'y as incité. J'avais besoin d'un guide est sûrement as-tu joué ce rôle un peu trop parfaitement.

Et ça m'emmerde car je ne comprends pas, si c'était avec moi que tu aimais discuter, pourquoi as-tu cessé ? T'arrive-t-il encore de m'évoquer ? Et si tu le fait parles-tu de moi en me désignant comme "cette fille-là" ? Est-ce que tu te foutais de moi lorsque tu rentrais chez toi ? Pensais-tu la moindre chose que tu m'as divulguée ?

C'est par le silence que tu m'as tuée.

Jamais je n'ai osé avouer que j'avais le cœur brisé. Puis-je considérer que tu m'as un jour appréciée puisque notre relation était monnayée ? Dois-je remettre en cause tout ce que tu m'as dit et me questionner sur mes envies ?

Et si ce que je prétendais aimer n'était qu'un moyen pour à nouveau nous rapprocher ? Car mon silence ne t'a pas tué.

Comment ai-je pu ne pas te manquer pendant toutes ces années ? Et pourquoi n'as-tu pas une seule fois essayé de me contacter ? As-tu conscience que tu m'as laissée totalement désabusée ?

Et quand j'ai écrit t'avoir pardonné, l'avais-je vraiment fait ? Car la douleur ne s'est jamais dissipée !

Je peine toujours à réaliser que c'est le silence nous à tué."

Explications :

Par où commencer cette explication ? J'ai l'impression que le texte parle de lui-même.

Je ne dirais pas que c'est le texte le plus personnel que je vous ai partagé jusqu'à maintenant, il ne l'est pas plus que les autres, mais disons que c'est le plus "frai" et donc, j'ai moins de recul. Mais faut-il avoir du recul pour aborder un sujet ? Pas nécessairement.

Il y a des choses que l'on ne comprend pas forcément quand on est plongé en plein dedans. C'était mon cas jusqu'à il y a encore peu. Jusqu'à ce que je vois une photo de la personne dont parle le texte.

Ce jour-là, j'ai pris une énorme claque.

Je ne me suis pas vue vieillir, je n'ai pas vu le temps passer.

Je veux dire, je savais bien que le temps, les années avançaient mais, dans ma tête, j'étais bloquée à l'âge de vingt ans. Mais en voyant le visage de cette personne, j'ai bien été obligée de me rendre à l'évidence : mes vingt ans n'étaient pas hier.

Il faut croire que ce que l'on dit est vrai ; on a beau grandir, il se peut que l'on reste mentalement bloqué à l'âge où l'on a eu un choc.

Tout cela pour dire, n'hésitez pas à reprendre contact même des années après avec des personnes qui ont une importance dans votre vie. Peut-être que ces personnes ont tout autant envie que vous de vous parler à nouveau mais qu'elles n'osent pas le faire pour plein de raisons différentes.

Certes, peut-être que cette personne n'a plus envie de vous parler, peut-être même qu'elle vous a complètement oublié mais... Est-ce que savoir cela fait aussi mal que rester dans le flou ?

Alors, lancez-vous. Un jour, il sera définitivement trop tard.