L'aube
Texte :
Écrit le 24 décembre 2024 (31 ans)
"On ne parle jamais de la honte que l'on ressent lorsque l'on fait une dépression. On tente de le cacher mais vient un moment où jouer un rôle devient oppressant. J'ai été jugée par des gens qui n'ont jamais été concernés par ce sujet ; ils se sont foutus de mes souffrances et de mes peurs, et ce qui a accentué la douleur c'est que ceux censés être proches de moi ne se sont même pas préoccupés de mon état.
Personne n'étais là tous ces jours où j'ai pleuré, où je suis restée amorphe dans mon canapé à sans cesse ressasser un passé où se trouvait tout ce qui m'avait été arraché.
Personne ne m'a vue le regard dans le vide, à fixer le plafond ou le mur, complètement incapable de me lever ne serait-ce que pour aller manger.
Personne ne m'a rassurée quand je remettais en question tout ce que j'étais, toute ma vie, et où je ne parvenais même pas à trouver une seule raison pour laquelle je devais me lever.
Comment savoir quoi faire quand l'entièreté de son être est un mystère mais que la mort elle-même n'en est déjà plus vraiment un ? Comment imaginer demain lorsque l'on espère ne pas se réveiller le matin ? Comment respirer la joie de vivre quand même la personne la plus proche de toi vient à manquer d'air ?
On voit la vie avancer tout en restant bloqué. Les gens aiment me faire culpabiliser en disant qu'ils ont voulu m'aider mais que c'est moi qui ai refusé.
Et en un sens, c'est vrai, je me suis repliée sur moi-même. Je me suis blâmée pour la façon dont je suis née. J'ai essuyé tous les reproches que l'on m'a fait. Je suis restée enfermée pour que les pics de la société ne puissent plus me toucher.
Aucune cicatrice n'est visible sur mon corps, ce qui fait croire que les batailles que j'ai menées sont dérisoires. On a beau se montrer fort, plongé dans la nuit noire on a l'impression que l'aube ne viendra jamais.
Mais l'aube fini par arriver."
Réflexion :
Ce petit texte résume la dépression dont j'ai souffert pendant plusieurs années. Elle sera expliquée plus longuement dans un article ultérieur que je vous invite à lire si mon histoire vous intéresse, mais je tenais à publier ce que j'ai écrit à Noël dernier.
C'était important pour moi de le faire.
Je vais mieux et je suis capable de parler de ce sujet avec un peu de recul même si je sais très bien que je vivrai sans doute à nouveau des phases dépressives. J'ai fini par l'accepter alors, même s'il y a des jours où ça ne va pas vraiment j'estime que ça va quand même parce qu'aujourd'hui je sais que tout est passager, même la dépression.
Retenez bien cela : même si les choses mettent beaucoup de temps à passer, elles finissent par passer. Toujours. Même lorsque l'on a l'impression que l'on restera bloqué dans la même situation merdique éternellement.
Croyez-moi, ça vaut le coup de tenir, même si on n'est pas capable de voir plus loin que l'heure d'après. On ne sait jamais quand on va commencer à aller mieux.
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Ressources :
Si vous êtes en détresse psychologique vous pouvez contacter les numéros suivants (pour les résidents en France métropolitaine) :
Fil santé jeunes (si vous avez entre 12 et 25 ans) : 0 800 235 236
SOS Amitié : 09 72 39 40 50