Le Bullet Journal

Le Bullet Journal


Longtemps, on m’a répété que j’avais un problème d’organisation, notamment lorsque j'étais au lycée où, selon les profs, j'avais tendance à trop m'éparpiller. Ils ne comprenaient simplement pas ma logique, je ne peux pas leur en vouloir mais, pour moi, tout était parfaitement clair et ordonné. Bref.

Malgré tout, j’ai fini par me mettre dans la tête que c’était vrai, que je ne savais pas m'organiser alors, en arrivant à la fac, je me suis dit que j’allais y remédier et j’ai commencé à me renseigner sur les différentes méthodes d’organisation possibles.

Outre les agendas, les planners et autres to-do lists, je suis tombée sur une méthode qui me paraissait révolutionnaire et qui était grandement à la mode : le Bullet Journal.


Je suis sûre que vous en avez déjà entendu parler ;  le Bullet Journal, BuJo pour les intimes. est une méthode d'organisation qui s'est répandue comme une trainée de poudre chez les blogueuses, youtubeuses, instagrameuses et autres, il y a quelques années. 

C’était la mode d’avoir un Bullet Journal et je l’avoue, j’ai succombé à cette mode. Moi aussi, je voulais me servir de cette super méthode d’organisation dont tout le monde vantait les mérites.

Si elle convenait à tout un chacun, pourquoi ne pouvait-elle pas me convenir ?


J’ai acheté tout le matériel nécessaire, dont le fameux carnet à petits points que j’ai galéré à trouver et qui, je trouve, coûte affreusement cher, des crayons et des feutres à pointe fine pour pouvoir mettre de la couleur absolument partout.

Tout ça pour faire comme tout le monde sauf que, je n’ai jamais aimé travailler avec des couleurs, ça ne m’aide pas du tout, ça a plutôt tendance à m’embrouiller mais comme je voyais cela partout, moi aussi, je voulais le faire.

Je m’étais préparée, j’avais visionné des tutos pour faire le parfait Bullet Journal, celui que tout le monde avait mais que j'aurais modifié pour qu'il me corresponde au mieux.

J’essayais de me persuader que c’était pratique de tout avoir au même endroit : les rendez-vous professionnels ou privés, les dates d’anniversaire, les numéros de téléphones, mon emploi-du-temps, mes mots-de-passe, mes listes de course… Tout. Vraiment tout.

Tous les soirs, j’y inscrivais les évènements plus ou moins marquants de ma journée, positifs uniquement, ça m’obligeait à me creuser la tête pour me dire que tout n’était pas toujours si terrible. Je crois d’ailleurs que c’était cette partie-là que je préférais.

J’étais motivée et je m’étais dit que je le tiendrai pendant, minimum, une année. Ça a effectivement été le cas et, après cette année, j’ai dit stop.

Pourquoi ? Parce que c’était une méthode d’organisation qui ne me correspondait pas. Contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, le Bullet Journal n’est pas fait pour tout le monde.


Le Bullet Journal n’est pas un journal intime

Ma plus grosse erreur a été de considérer mon Bullet Journal comme un journal intime.

Un BuJo est fait pour s’organiser et uniquement pour s’organiser. C’est-à-dire que, mis à part vos to-do lists et potentiellement vos objectifs du mois ou de l’année, ou encore votre humeur ou la météo qu’il fait, vous n’allez pas pouvoir y inscrire grand-chose pour la simple et bonne raison que vous n’aurez pas la place.

Et quand, comme moi, on aime écrire et qu’on a beaucoup de difficultés à être concis, c’est assez frustrant d’être bloqué à ce sujet.


Il faut être un minimum organisé pour utiliser un Bullet Journal

Oui, oui, il faut être organisé pour utiliser une méthode d’organisation censée nous faciliter la vie. Autant vous dire que c'est un peu problématique.

Tenir un Bullet Journal requiert une certaine forme de rigueur. Il faut établir un code auquel on va se tenir tout le temps où on utilisera notre carnet.

Il faut préparer ses pages à l’avance pour ne pas se retrouver en début de mois avec un BuJo pas prêt du tout et, mine de rien, ça prend beaucoup de temps. À chaque fois que je préparais mes pages pour le mois à venir, je me réservais une après-midi entière.

Et naturellement, il faut penser à l'avoir toujours avec soi. Mine de rien, cela ajoute une charge dans notre cerveau.


Il faut qu’il soit un minimum attrayant

Si on veut prendre du plaisir à utiliser son Bullet Journal et ne pas l’abandonner dans un coin, il vaut mieux qu’il nous plaise un minimum.

Si certains se contentent d’un Bullet Journal minimaliste à souhait, tout en blanc et noir, ce n’était pas mon cas. Moi, j’ai toujours bavé devant les journaux que le voyais sur le net car ils avaient de belles couleurs et de belles illustrations.

J’ai voulu ça, moi aussi. J’ai simplement sous-estimé un petit problème…

Je ne sais pas dessiner alors, je faisais de mon mieux mais mon mieux ne correspondait pas à ce que je souhaitais, à savoir, ce que je voyais sur le Web.

C'était démoralisant. Je n'atteignais pas ce que je croyais être la perfection et je me sentais nulle.


Il demande beaucoup de temps

Comme je vous le disais précédemment, il me fallait une demie journée pour préparer les pages de mon journal pour un mois entier. Je passais beaucoup trop de temps à faire ma page de garde, tracer mes tableaux et mes calendriers, écrire les listes de choses que je voulais faire, mes objectifs, les films ou les séries que j’avais envie de voir, les moments importants que j’avais vécus les mois précédents…

Et tous les soirs, il fallait que je le remplisse et que j’établisse la liste de choses que je souhaitais faire le lendemain. Alors, ça ne prend peut-être que cinq minutes tous les soirs mais ces cinq minutes me semblaient obligatoires et me stressaient.

Certains jours, j’avais la flemme de le remplir et, en même temps, je m’en voulais de ne pas vouloir accorder un peu de temps à ce carnet qui était censé révolutionner ma vie.

Un truc qui était supposé me faciliter la vie me rajoutait du stress.


Je ne l’ouvrais pas

Tout l’intérêt du Bullet Journal est de noter ses to-do lists. 

Sauf que moi, j’avais tendance à noter des choses que je faisais déjà naturellement comme aller en cours, faire mon lit, sortir les poubelles ou aller faire les courses… Comme si j’allais oublier ce genre de choses !

Et aussi, parce que je m’étais donné l’obligation de cocher mes petites cases à chaque fin de journée, comme pour avoir un sentiment de gratification parce que j’avais bien fait mon travail.

Sauf que le jour où j’ai eu la sensation d’être une usurpatrice, ce sentiment de gratification ne m’a plus du tout suffi.


Après un an, alors que je Covid faisait son apparition, j'ai tout laissé tomber et je n'ai plus ressenti le besoin d'utiliser un BuJo alors que ma vie s'est considérablement remplie.

C'est là que j'ai compris que j'utilisais ce Bullet Journal dans une période creuse, une des périodes les plus sombres de ma dépression, une période pendant laquelle j'avais besoin de me sentir occupée et valorisée alors que je me sentais incapable de réussir quoi que soit.

À ce jour, je n’ai pas trouvé de méthode d’organisation idéale, je sais juste que les agendas et les BuJo ne sont pas faits pour moi. Cette méthode se présentera à moi quand elle se présentera, c'est tout. Je suis pas fermée à en expérimenter de nouvelles, cependant.

Alors, si vous voulez expérimentez le Bullet Journal, allez-y, il n'y a que de cette façon que vous pourrez savoir si cette méthode d'organisation vous correspond ou pas.


Pour aller plus loin :

Les to-do lists